Être artiste et entrepreneur, est-ce possible ? En effet, à quoi ça rime... les valeurs de l'Art dont la liberté et l'authenticité en sont deux fondamentales semblent souvent en conflit avec celles du développement d'activité, que l'on peut dénommer plus simplement le "commerce" où le profit et l'opportunisme règnent. J'y vois un véritable paradoxe !
Pourtant, les Artistes eux-mêmes me contactent en émettant le besoin féroce d'un développement d'activité urgent : trouver des aides, des dates, des sponsors, des partenaires, des médias... et en face de cela, lorsque la discussion progresse, que les idées et les approches du marketing commencent à émerger, je ressens souvent comme un frein, une peur de devenir trop "commercial", d'être intrusif par rapport à ses publics ou futurs publics.
Bien sûr l'intrusion est un sujet récurrent au coeur des réflexions marketing, nous avons tous été agacés par des emails commerciaux non souhaités dans nos boites emails, même parfois après avoir cliqué sur le lien de désabonnement, énervé par le téléprospecteur de notre opérateur téléphonique qui veut nous faire augmenter un forfait qui fonctionne très bien, ou encore dérangé par un vendeur maladroit en rayon un peu trop insistant.
La question à mon sens n'est pas le commerce mais la façon d'en faire. Pour ma part, je suis ravi de recevoir un emailing commercial d'une marque ou d'un service qui m'intéresse et tombe à pic ou encore d'être abordé par un vendeur qui m'indique qu'il est disponible sans me pousser la promotion du moment.
Dès que l'on prend la parole, quelque soit le support, la façon de s'y prendre est bien ce qui est le plus important. Donc faire du développement d'activité, ce n'est ni bien, ni mal, c'est un choix. Et ce choix, s'il est décidé sans complexe, peut ouvrir bien des horizons par la diversification de l'activité artistique.
D'où la question initiale : être entrepreneur et artiste, est-ce possible ?! Il ne s'agit pas simplement de commerce auprès de vos cibles traditionnelles, vos cibles relais, mais bien de développement d'activité avec votre public direct qui lui est un capital propre, il vous appartient en quelque sort. Ce qui me semble plus large.
Un bel exemple pour illustrer mon propos, je vous invite à aller voir la boutique du site de Philippe Geluck, ce talentueux artiste dessinateur Belge - www.geluck.com/boutique/fr. Cela fait 30 ans maintenant que le "Chat Geluck" sévit, et cette boutique parle d'elle-même, le "Chat Geluck" est avant tout une bande dessinée et aujourd'hui bien plus : tee-shirts, statues, affiches, totbags, muggs etc. Je vous glisse un autre exemple d'une envergure différente car associative et pourtant dans la même veine : EmileL - www.emilel.com - est une marque de tee-shirt dont le fondement est celui d'un spectacle humoristique.
Alors oui, les artistes même à moindre niveau de popularité ont la plupart du temps un merch en sortie de spectacle. Ok ! Cela fait un peu de ventes additionnelles. Ici, le propos est plus large, plus organisé, plus autonome. Cela devient possible grâce au eBusiness, c'est-à-dire la vente en ligne. Elle permet de dématérialiser, de toucher plus largement géographiquement, mais aussi avant et après les actualités artistiques. Plus encore, le fait de développer l'activité de manière digitale permet de développer des mécaniques de parrainages, d'offrir des codes spécifiques et éphémères à vos publics en sortie de vos évènements, codes qui leur permettront de vivre une expérience et de la partager autour d'eux.
D'autres artiste me disent encore "ce n'est pas à moi de le faire, mais à UN producteur", alors oui bien sûr, c'est le schéma le plus répandu. Pour autant, je crois que le manque à gagner est assez sensible : perte en indépendance, et en argent ! Mince, j'ai utilité le mot "argent", mais cet argent est bien vital pour auto-produire d'autres projets artistiques, ou encore financer votre propre développement global d'activité.
Naturellement, tout cela demande une organisation, une vision claire, cela rejoint le propos déjà abordé dans un autre article sur "Pourquoi et comment incarner ces projets ? - cliquer ici". Et finalement, si tout cela faisait sens pour vous, la question initiale prend davantage de sens, dans la mesure ou être Artiste à mon sens, c'est aussi être Entrepreneur mais avec le curseur de l'authenticité à son maximum.
Au plaisir d'en parler avec vous tout bientôt,
Jeff